C’est une véritable étoile qui a joué dans le club mythique de l’Etoile Filante de Lomé. Très talentueux, Dr Kaolo avait pourtant beaucoup à apporter. Mais hélas ! Il a été fauché dans la fleur de l’âge par la mort en juillet 1972. 50 ans après son décès, sur initiative de son ancien club (l’Etoile Filante), le célèbre doyen des journalistes sportifs Bénoit Messan Gnamey a raconté le personnage Kaolo lors d’une conférence de presse à son domicile à Lomé le samedi dernier.
Au cours de cette rencontre, Messan Gnamey, journaliste à cette époque, a retracé tout le parcours d’Edmond Apéti Alias Dr Kaolo jusqu’à son passage de vie à trépas.
Origines et Débuts de Dr Kaolo
« Il fut un célèbre attaquant de l’Etoile Filante de Lomé. Il a été formé dans un petit club de quartier Roc Invincible qui faisait partie de ces petites équipes qui jouaient sur le terrain de Beniglanto. C’est après Roc Invincible qu’il est arrivé à l’Etoile Filante. Dr Kaolo vient de Dekpo, une localité située à une vingtaine de kilomètres à l’Est de Tsévié sur la route de Tabligbo. Dr Kaolo a vu le jour en 1947 et quand il est arrivé à l’Etoile Filante, il avait déjà la facilité de jouer. Il avait une façon de jouer qui rappelait la fine écriture d’un stylo qu’on appelait le stylo Kaolo. C’est pour la finesse de son jeu que ce surnom lui a été attribué. Pourquoi Docteur ? Vous savez que les praticiens, les médecins en opérant un patient devait le faire avec précision. Et les précisions avec lesquelles Kaolo dribblait ses adversaires, cette précision a été comparée au cours du bistouri du médecin. Et c’est là son surnom de Docteur« .
Son parcours
« Kaolo n’a jamais quitté l’Etoile Filante. C’est là où il a terminé sa carrière. Il ne l’a jamais quitté. Kaolo, après avoir été formé à Roc Invincible, s’est inscrit au Shooting Stars de Lomé. C’est le club qu’il aimait et il n’a jamais voulu quitter ce club jusqu’à sa mort« .
La participation de Dr Kaolo à la CAN 1972
« Dans l’histoire du football togolais, la CAN 1972 reste gravée dans les mémoires grâce à la brillante participation de Dr Kaolo. Le Togo avait rencontré au premier match le Mali de Fantamadi Keita et de Fantamadi Diallo. A chaque fois que le Mali marquait un but, Dr Kaolo surgissait pour obtenir l’égalisation à deux reprises. Le match s’est terminé sur le score de 3 buts à 3. Le 3è but a été marqué par un joueur du Dynamic Togolais appelé Kovi. Si vous allez dans les recherches internet, on vous dira que Kaolo a marqué 3 buts ce jour. Mais non ! Il a marqué deux buts et le 3è but a été marqué par Kovi. Au deuxième match, nous avons joué contre le Kenya. Le Kenya a ouvert le score et Kaolo a encore égalisé. C’est donc 1 but partout dans ce match. Quand on classait les meilleurs buteurs dans cette compétition, Kaolo qui n’a pas pu continuer avec les matchs suivants, a été classé 3è après Fantimadi Keita et Mbono le Sorcier un Congolais. Kaolo a marqué d’une empreinte indélébile cette compétition et ça été aussi la grande révélation du football africain à Yaoundé en 1972. Kaolo a porté déjà sa marque sur la qualification en jouant à Accra en match de qualification face au Black Star du Ghana. Le Togo est sorti vainqueur. On a marqué un but avec le Célèbre gardien ghanéen Robert Mensah dans les buts. Le Togo menait par un but à zéro. A une minute de la fin, l’arbitre a sifflé un penalty fantaisiste en faveur des Black Stars. Il y avait Tommy Sylvestre qui a dévié la balle et le Ghana n’a pas pu égaliser. C’est de cette manière que nous nous sommes qualifiés pour Yaoundé 1972. Kaolo, partout où il est passé, a toujours été excellent. Même si la perfection n’est pas de ce monde, on pouvait lui attribuer l’adjectif d’un joueur excellent« .
Les circonstances de son décès et les obsèques
« Kaolo aimait tant le football qu’il a joué pour d’autres clubs en amical. Il revenait ce matin d’un match disputé sur le terrain du bas fond du Collège Saint Joseph. Il était à vélo moteur et il rentrait à la maison du côté de Kodjoviakopé – Nyekonakpoè. Et sur le boulevard, on ne sait que quoi, il s’est fracassé le crâne sur le bitume. Ceux qui étaient là ont constaté que le sang qui coulait de sa tête a traversé la largeur de la chaussée. Quand il a été ramassé et conduit à l’hôpital, il était déjà mort, pratiquement. J’étais le journaliste que Radio Lomé a désigné pour aller couvrir les obsèques de Dr Kaolo. Il fallait être courageux pour ne pas retenir ses larmes. Les obsèques ont eu lieu une semaine après et c’était au foyer Pi 12 de Lomé, c’est la rue qui débouchait sur la place Fréau. Il y avait beaucoup de personnes. La salle était remplie. La première oraison a été prononcée par le ministre des sports Agbenowossi Matthieu Koffi, la deuxième oraison par Antoine Mathia, président du Comité National Olympique Togolais. C’est après ces oraisons funèbres que le corps de Kaolo a été conduit au cimetière de la Plage à Lomé par de milliers de supporters et d’admirateurs. C’est après la mort de Dr Kaolo, qu’a été institué le port obligatoire du casque. Le Togo, ayant perdu un grand footballeur en la personne de Kaolo, ça a fait mal et le gouvernement a décrété que ceux qui sont à moto devront obligatoirement porter un casque« .
Dr Kaolo meilleur joueur togolais de tous les temps
« Sans être nostalgique, je vous dirai que si Dr Kaolo, à son époque, avait à sa portée les médias que nous avons aujourd’hui, les télévisions et radio diffusions bien développés, les images de Dr Kaolo seront encore dans ces médias. Ces images devaient d’ailleurs porter très loin les performances de Kaolo et il aurait été connu dans le monde entier. Si on avait connu à l’extérieur Kaolo, personne aujourd’hui ne pourrait parler de lui en le comparant à d’autres joueurs. Parce que les joueurs de football aujourd’hui ont disposé des médias qui font leur publicité et surtout il n’y avait pas à l’époque des agents de joueurs qui pouvaient amener Kaolo en Europe pour jouer. Le seul togolais qui avait brillé en France à l’époque, c’est Djibril Karimou de l’Etoile Filante et qui a quitté Lomé pour Monaco avant la Coupe jouée à Dakar. Si Kaolo aussi était parti en France, nul doute qu’il aurait dépassé Djibril Karimou. Kaolo, de par ses dribbles chaloupés, ses passes millimétrées et surtout son équilibre sur le terrain, il ne tombait jamais, il marque au moins un but par match. Kaolo était très fort n’en déplaise à nos footballeurs d’aujourd’hui, à nos vedettes d’aujourd’hui. Ils ne peuvent pas se comparer à Kaolo car jusqu’aujourd’hui, il est irremplaçable. Je crois qu’on n’a pas encore trouvé, pour notre génération, aucun footballeur togolais qui ait égalé ses performances« .