On l’a déjà dit : l’un des tendons d’Achille du football togolais, c’est la fébrilité des organes et structures qui le gèrent. Dans l’édition précédente, on avait ainsi montré les failles inacceptables de la décision rendue par la Commission de recours dans cette affaire opposant les deux clubs Anges et Maranatha. L’enjeu aujourd’hui est principalement et essentiellement de savoir comment sortir de l’impasse créée par une telle décision qui relève d’un équilibrisme juridique pouilleux. Dans cette perspective, le Comex de la fédération a adopté une position sans doute salutaire. C’est à saluer, à juste titre.
Suite à la décision de la Commission de recours de renvoyer le dossier au Comex de la FTF pour qu’il en décide en dernier ressort, il était devenu évident que la suite à donner au dossier dépendait de la posture que ce Comex adoptera. Selon qu’il choisira de faire de la politique de l’autruche et ainsi de fuir ses responsabilités et de donner un nouveau coup de poignard au football togolais, ou qu’il lèvera la tête et fera le choix de la raison en remettant la commission de recours à sa place, le dossier connaîtra une issue pertinente pour le grand bonheur du football togolais.
Carton rouge
Selon nos informations, le Comex de la fédération n’a pas tremblé cette fois-ci. Il a mis la Commission devant ses responsabilités en lui signifiant l’absurdité de sa décision de renvoyer le dossier sur la table de la fédération au lieu d’appliquer sereinement les dispositions du code de discipline. Nos sources indiquent notamment que le Comex a renvoyé la balle aux bons messieurs de la commission de recours et leur a demandé de revoir leur copie. C’est une attitude noble et louable. Cette fois-ci, le Colonel Akpovy et ses collègues ont montré de la fermeté et de la pertinence face à un dossier de litige entre les clubs. Cette posture tranche avec ce qu’on a vu deux années en arrière dans le litige entre Unisport et Agouwa ce qui a d’ailleurs failli tout emporter si le TAS n’en avait décidé autrement que l’ont envisagé le plaignant et ses soutiens.
Issues de secours
Après ce carton rouge brandi à la commission de recours pour jeu dangereux, tout est à refaire. Ou presque. Selon différents spécialistes, trois pistes de solutions au moins peuvent être explorées. La première consiste en la suite normale que la Commission de recours peut ou doit donner aux remarques du Comex. « Les membres de la Commission peuvent à nouveau siéger, en considérant les annotations envoyées par le Comex. Sur cette base, s’ils choisissent de maintenir la paramètre du conflit d’intérêt sur la base duquel ils avaient décidé de l’annulation de la décision de la commission de discipline, ils peuvent choisir de renvoyer le dossier à cette dernière commission en lui demandant de refaire le travail en tenant compte dudit conflit », indique une source. La Commission de recours est-elle capable d’humilité et de renoncement pour se remettre en cause et aborder plus raisonnablement le dossier ? La question vaut son pesant d’or, étant entendu que, selon la source, le Comex n’a pas le pouvoir d’ordonner à la Commission de recours de reprendre le travail, elle peut tout au plus faire des remarques, comme c’est le cas.
Une deuxième piste concerne les clubs en conflit. Selon une autre source, ces clubs peuvent agir juridiquement afin de provoquer un nouvel examen du dossier. « En se référant à la décision de la Commission de recours d’annuler la décision de première instance et de renvoyer le dossier au Comex, les, deux clubs peuvent saisir la juridiction compétente pour demander que le dossier soit repris et qu’on en fasse un nouvel examen », explique la source. Dans le cas d’espèce, lequel de ces deux clubs a intérêt que cette affaire soir rejugée ? C’est sans doute Maranatha qui a besoin de faire de sorte que la décision de la commission de discipline qui était en sa faveur soit confirmée, surtout que la Commission de recours n’a jamais dit le contraire. Les Anges, vu les failles soulignées dans la décision de la Commission de recours, peuvent se contenter du statu quo, a priori.
La dernière piste est celle d’un recours devant le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) à Lausanne. Il n’est pas exclu que, dans l’hypothèse très optimiste d’une reprise en main du dossier par la Commission de recours, l’un des clubs se sente lésé et triché. Il peut ainsi porter le dossier devant le TAS pour un ultime avis.
Quoi qu’il en soit, il est vital de dire que le football togolais n’a plus besoin d’une solution de facilité qui maintiendrait les deux clubs en première division. Ce ne serait plus une compétition si on peut dégager des vainqueurs sans pouvoir dégager des perdants. Chaque acteur doit ainsi jouer honnêtement et raisonnablement sa partition. Il en va de l’intérêt immédiat et futur du football dans le pays.