Au Togo, Nibombe Dare n’est plus le seul technicien à détenir une licence UEFA Pro d’entraîneur de football. Afizou Traoré, précédemment Directeur sportif de Sara de Bafilo et sélectionneur des Eperviers U23, étrenne lui aussi depuis peu le « mythique » parchemin.

Bientôt quadragénaire, Afizou Traoré a consacré toute sa vie au football. D’abord en tant que joueur au Togo sous les couleurs d’Agaza de Lomé et Planète Foot aux débuts des années 2000 avant de s’exiler en Allemagne et en Finlande. N’ayant pas connu grand succès sur la pelouse, il range ses crampons et entame immédiatement sa reconversion en Finlande, son pays d’adoption.
Dans la foulée, il se lance à la quête des diplômes d’entraîneur, dans la perspective de sa reconversion. Il franchit avec abnégation et sacrifice toutes les étapes de certification d’entraîneur de football en Europe jusqu’à la Licence UEFA A en 2020. Revenu au Togo entre-temps en 2018, Afizou Traoré se voit confier les rênes de Sara FC de Bafilo en première division à l’époque. Parallèlement à son manteau d’entraîneur de Sara FC, il se voit également confier le poste de directeur technique du centre Haady Park.
En 2022, la Fédération Togolaise de Football (FTF) lui confie la responsabilité de conduire les Eperviers U23 lors des éliminatoires de la CAN de la catégorie. L’histoire est belle mais elle s’écrit en pointillés. Le Togo est éliminé au deuxième tour face à l’Afrique du Sud après avoir passé le cap de la Mauritanie. Ses méthodes de travail sont contestées, sa gestion de l’effectif ne fait pas l’unanimité. Il sera logiquement limogé. C’est un épisode pénible dans le parcours du technicien togolais. De l’avis de certains observateurs cependant, cet échec ne suffit pas pour jeter aux orties la volonté et le potentiel de Afizou Traoré.
Son passage à la tête de la sélection nationale espoir est un contraste. De loin , les critiques mêmes les plus acerbes ont fusé de partout. « C’est un coach qui travaille bien, qui aime ses joueurs. Il crée de l’harmonie entre ses joueurs. Il prend les joueurs comme ses frères et les aide à progresser », a confié un de ses anciens joueurs.

Retour en classe
Pas le temps de se morfondre après son éviction, Afizou Traore retourne en Europe pour reprendre ses études et se perfectionner. C’est un choix payant vu que la période se conclut brillamment par l’obtention de son diplôme UEFA Pro, le 14 janvier 2025. Il devient ainsi le deuxième technicien togolais à détenir ce diplôme. « La connaissance élève. Plus de motivation pour ce boulot. Le rêve est devenu une réalité. Je suis satisfait de moi-même », se réjouit-il.
Avec ce précieux sésame, Afizou Traore nourrit de grandes ambitions : « Je veux suivre les grands Coachs pour apprendre encore. Après je veux m’envoler de mes propres ailes. Être utile pour le développement du football togolais ou mondial ». Un de ses proches témoigne : « C’est quelqu’un qui aime vraiment son pays . On peut lui refaire confiance en lui confiant même les U17 et le laisser faire son travail. C’est le seul coach que j’ai connu au Togo qui n’a jamais pris un franc chez un joueur pour l’amener en équipe nationale.Il n’aime pas qu’on lui impose des joueurs. Il est très patient.»
Casse-tête pour les sélections togolaises
Fin décembre 2024, la Confédération Africaine de Football (CAF) ,dans une correspondance adressée à ses associations membres, précise les qualifications professionnelles requises pour entraîner les sélections nationales. Cette mesure entre dans le cadre des démarches entreprises par l’institution dirigée par le Sud-africain Patrice Motsepe pour une professionnalisation du football africain.
Du courrier, il ressort que désormais, pour s’asseoir sur le banc d’une sélection nationale masculine, il faudra détenir une Licence A CAF ou UEFA Pro. Cette décision place le Togo dans une grande impasse, au regard du nombre de techniciens détenteurs de ces diplômes et au moment où les autorités sportives ont pris la résolution de confier les destinées de nos sélections nationales aux compétences locales. La grande question : que vont devenir les sélectionneurs en poste ne détenant pas le diplôme requis ? Autre question : Où trouver des entraîneurs qualifiés pour les remplacer s’il faut toujours composer avec les nationaux ? C’est peu de dire que la nouvelle situation est un casse-tête chinois pour le Togo.
Hervé AKAKPO