Après avoir raté les qualificatifs des JO Rio en 2016 avec une élimination en quarts de finale au fleuret masculin, la Fédération Togolaise d’Escrime (FTE) mise toujours sur sa jeune garde pour mieux faire au cours des éliminations zonales des JO Tokyo 2020 qui ont lieu en avril prochain.
Les JO Tokyo 2020 reportés à cette année en raison de la pandémie à Coronavirus se dérouleront du 23 juillet au 08 août prochain. La FTE qui n’a jamais pris part à cette compétition mondiale rêve grand pour celle de 2021. Malgré la baisse de régime des athlètes due à la Covid-19 et la suspension des activités au plan national, le président de la fédération, le maître d’armes Victor Lamega croit aux chances de qualification de ses jeunes athlètes. Qui veut voyager loin ménage sa monture, indique l’adage. Audacieux et perspicace, le président Laméga dont sa Fédération est limitée par les moyens financiers, a néanmoins son programme d’activités pour l’année en vue de mieux préparer les futures échéances.
Relever le défi d’après Covid-19
Le président de la FTE, le maître d’armes Victor Lamega rêve grand pour l’Escrime togolaise. Il a compris dès lors qu’il faille multiplier les compétitions pour les athlètes pour leur permettre de retrouver très rapidement le niveau d’antan après la période de suspension des activités physiques et sportives au plan national en raison de la crise sanitaire qui a duré presque une année. A ce jour, la FTE est la seule fédération à avoir organisé deux activités sportives depuis la levée de suspension des activités physiques et sportives par le ministère des Sports depuis le mois de décembre 2020. La dernière en date était un tournoi inter Ligue qui a regroupé 48 escrimeurs dans les six armes conventionnelles le samedi 27 février dernier à Lomé. « La première compétition après covid-19 était réservée aux anciens escrimeurs et ceux de l’équipe nationale junior et senior qui se sont mesurées dans les 3 épreuves individuelles. Pour cette deuxième compétition, elle est organisée au niveau régional c’est-à-dire la Ligue Lomé golfe et celle maritime aux 6 armes dans les 3 catégories, cadet, junior, senior », a expliqué le président de la FTE. L’objectif est de jauger l’état psychologique et le niveau des athlètes dans le contexte particulier imposé par la Covid-19 où les activités se déroulent pour l’instant à huis clos et sans engouement autour. Eh bien, la FTE ne s’est pas trompée car le résultat affiché après l’évaluation montre que cette compétition intra Ligue est venue à point nommé. « Nous sommes satisfaits du déroulement au vu du contexte sanitaire. Mais l’ambiance n’est pas celle des grands jours à cause du huis clos. Elle n’était pas festive comme nos compétitions étaient des moments de fête il y a quelques années », a relevé Victor Lamega.
En outre, « nous avons constaté qu’il y avait de la morosité, de la peur sur le visage de certains athlètes. Il fallait suivre les règles imposées par le protocole sanitaire du ministère en charge des Sports et de la fédération internationale d’Escrime. Les athlètes n’étant pas habitué à de telle pratiques, ils étaient limités dans leur mouvement de faire d’avant et d’après combat », a-t-il poursuivi. Aussi, « il y avait un déficit au plan physique, tactique, technique et psychologique au niveau des athlètes », fait-il remarquer et « surtout sur le plan physique, nous avons constaté qu’il y a eu de légères blessures dues à ce déficit et à la mauvaise exécution des techniques. Nous lisons sur le visage des athlètes, un manque de confiance, la peur. Les gestes techniques n’étaient pas bien appliqués, des imprécisions au niveau de l’attaque. Il fallait s’attendre après presque un an d’inactivité ». Le mal diagnostiqué, il faut parer au plus pressé. Le président de la FTE qui est également un technicien chevronné dans l’art est serein. « Les athlètes reviendront à leur meilleur niveau sous peu. Ils ont repris dans les séances d’entrainement en clubs et nous pensons que petit à petit avec les prochaines activités de la Fédération, ils vont retrouver leur niveau d’antan », rassure-t-il. Les difficultés sont dès lors recensées en aval et il faut désormais anticiper pour que le rêve de qualification se réalise.
La performance des dernières années : un atout ?
En l’absence de place d’universalité pour l’Escrime, la FTE mise sur la qualification par les compétitions. Le Togo performant au plan continental depuis 2017 pouvait se qualifier pour les JO Tokyo 2020 sans passer par la compétition zonale. La non-participation aux tournois internationaux comme les grands prix qui attribuent des points aux athlètes pénalisent le Togo. « Pour cette saison 2021, le calendrier international propose 2 coupes du monde et un grand prix au mois de mars, des Ranking qualificatifs pour les JO Tokyo 2020. Mais ces compétitions ne sont pas au programme de la FTE », se désole le président de la Fédération. En l’absence de moyens financiers, il faut passer par la compétition zonale qui regroupe aussi la crème des athlètes africains qui n’ont pas pu obtenir leur qualification par la Ranking. Le niveau est élevé certes mais le maître d’armes togolais a également des athlètes qui ont des arguments à faire valoir au cours de cette bataille. Ils sont trois représentants togolais à aller à l’assaut des places qualificatives pour le Togo. Au sabre féminin, l’espoir de l’Escrime togolais, Françoise Abla Koutoglo va défendre les couleurs nationales aux côtés de Koffi Dégboe qui sera aligné au fleuret masculin puis Al Yacine Ouro Agoro inscrit à l’épée masculine. Les performances réalisées par le Togo au plan continental sont à mettre à l’actif de la jeunesse de l’équipe nationale d’Escrime. Mais il est important de souligner que la plupart des médailles remportées sont dans les épreuves par équipe et que les athlètes togolais tardent à s’imposer à l’épreuve individuelle. Françoise Abla Koutoglo (21 ans), médaillée de bronze par équipe au fleuret féminin en 2019 est 16e au plan individuel au sabre féminin. Al Yacine Ouro Agoro (18 ans) est classé 14e au championnat d’Afrique junior en 2020 en épée masculin. Par contre Koffi Dégboé (23 ans) N°1 togolais au fleuret masculin est en quête d’une référence au plan international. Les chances étant égales lors des compétitions, le président Lamega rassure : « les lacunes au plan technique se corrigent et l’accent est mis sur la concentration lors des séances d’entrainement. Nous irons chercher notre qualification sur les pistes. Nous nourrissons beaucoup d’ambitions pour cette compétition et nous pensons faire mieux et obtenir au moins une qualification ce qui serait une grande première pour notre fédération ».
Une reprise avec frein en main
La Fédération Togolaise d’Escrime tout en misant sur une qualification aux JO Tokyo 2020 a aussi fait une part belle aux activités au plan national. Outre le tournoi inter Ligue qui va se répéter tous les mois, un programme d’activités est élaboré en fonction de la reprise progressive. « Nos activités ont été lancées depuis l’annonce de la reprise progressive des activités sportives par le ministère des Sports en décembre 2020. Tout se fait progressivement en tenant compte de la pandémie à Coronavirus. Après chaque activité, nous faisons une évaluation avec le Manager Covid de la fédération et le Directeur technique national. Nous mettons en œuvre notre plan d’action par rapport aux moyens et au risque de contamination liée à la pratique de certaines activités. Soit, nous annulons ou reportons l’évènement », précise Victor Lamega. Ainsi pour le compte de cette année, il est programmé mi-mars, un stage de remise à niveau pour les entraineurs nationaux et arbitres. La FTE va également saisir l’occasion de ce stage pour former les Manager Covid des clubs de l’intérieur du pays puisqu’ils n’ont pas encore bénéficié d’une formation en ce sens. Le 27 avril, il est prévu la coupe nationale, et après les JO Tokyo 2020 en août, le championnat national senior si toutes les conditions sont réunies. En dehors des éliminatoires zonales des JO Tokyo 2020, le Togo participera avec un seul athlète, Emile Adamenou au sabre masculin aux championnats du monde cadet et junior qui ont lieu du 03 au 11 avril prochain en Egypte. Le représentant togolais aux championnats du monde cadet et junior est le N°1 dans sa catégorie. A la compétition inter Ligue de samedi dernier, il s’est imposé devant ses adversaires et a terminé à la première place. Il sera à sa deuxième compétition internationale après avoir pris part en 2020 au championnat d’Afrique junior au sabre masculin où il a terminé à la 10e place.
L’après Covid-19 se passe à la FTE avec des défis mais aussi sous la surveillance du ministère des Sports qui veille au respect du protocole sanitaire édicté pour éviter la contamination dans le cadre de la reprise progressive des activités physiques et sportives au Togo.