Les Jeux Olympiques de Paris 2024 se poursuivent désormais sans le Togo. Les cinq athlètes togolais qualifiés et engagés dans ces jeux sont éliminés au premier tour des différentes disciplines dans lesquelles ils sont en compétition. Il ne pouvait en être autrement. Simplement que le Togo n’avait pas mérité autre chose que cette situation. Mais ce n’est pas faute d’avoir essayé. Les athlètes ont fait ce qu’ils pouvaient. Dans la limite de leur possibilité. Ils sont même allés plus loin, pour certains, en améliorant leurs propres performances. Mais reconnaissons avec humilité que le niveau est plus relevé que nos athlètes. Il n’y avait même pas de comparaison possible à faire. Le Togo n’a pas les moyens de rivaliser avec les athlètes des autres pays. Dans ces disciplines où le Togo s’est aligné, il n’y avait aucune chance de rêver d’une quelconque médaille. Ici, on reste plutôt très fidèle à la philosophie de Pierre de Coubertin : l’essentiel est de participer. Oui ! Le Togo était présent à Paris, la capitale de la France qui organise ces jeux. Ils étaient juste cinq athlètes à se qualifier pour ces jeux. Et pour encadrer ces cinq athlètes, ce fut une délégation des officiels bien forte. C’est justement le moment de faire un peu de tourisme et de réaliser autres profits. Et comme partout en Afrique noire, le nombre d’officiels dépasse toujours largement le nombre d’athlètes représentant le pays sur les jeux.
Le Togo avait-il de vision et d’objectifs précis en allant à ces Jeux Olympiques ? Certainement pas. Les athlètes ont fait seuls le travail pour se qualifier ou avoir droit aux places d’universalité. Ni l’Etat ni leur fédération ne les avaient aidés en quoi que ce soit. Et après la qualification et la sélection, ce fut encore et toujours la croix et la bannière pour assurer leur préparation afin de participer convenablement aux Jeux et oser rivaliser avec les concurrents de haute volée. Au Togo, les sports ne font pas encore partie des priorités de l’Etat. C’est une lapalissade. Nous en sommes encore à la pratique de sports-loisirs. Pas encore arrivé au niveau de la conception et de la pratique de sports comme une industrie qui a un poids économique. Et tant que le Togo restera à cette étape, les résultats seront toujours ceux que nous connaissons aujourd’hui. Surtout que le plus souvent nos qualifications ne sont jamais directes. Le Togo y va en athlétisme en gagnant des places d’universalité. Jamais de qualifications directes. C’est en aviron et en triathlon que les athlètes togolais ont eu de vraies qualifications. Le problème est que le Togo manque cruellement d’investissement dans le secteur. On ne peut faire du sport professionnel sans moyens financiers adéquats. C’est impensable à ce jour et c’est pratiquement inadmissible et impossible. La conception et la pratique du sport comme loisirs sont dépassées il y a bien longtemps. Il faut désormais considérer les sports comme une véritable industrie qui doit générer des dividendes en terme d’économie pour le pays. Ici nous manquons cruellement d’infrastructures pour la pratique des sports. Pas de matériels adaptés à la pratique des sports. Pas de formation adéquate aux athlètes avant les compétitions. Mobilisation très faible ou même inexistante de moyens pour la préparation des athlètes. Financement inexistant pour la fabrication des athlètes à l’origine. Désordre organisationnel des fédérations. Insouciance des autorités du ministère en charge des sports dans la gestion des accompagnements des fédérations et des athlètes.
Néanmoins il faut rappeler que sur le plan politique des balises sont en train d’être posées depuis quelques années. Mais il se fait que les pas sont lents à franchir. Après la politique sportive lancée, il y a eu l’adoption d’une charte des sports dont la conséquence devrait être la création d’un fonds d’aide aux sports. Les sources d’approvisionnement de ce fonds ont été clairement définies et identifiées. Malheureusement, ce fonds n’a jamais vu le jour parce qu’il manque encore la mise en œuvre de certaines conditionnalités préalables à la création de cette fameuse caisse. Aujourd’hui le budget alloué aux sports est nettement insuffisant pour espérer avoir des résultats dans les sports au Togo. La professionnalisation qu’on tente d’introduire dans le football est encore loin de se réaliser. Néanmoins il faut adresser des félicitations et encouragements aux athlètes pour leurs efforts fournis dans des conditions très difficiles, reconnaissance et gratitude au CNO-Togo pour les sacrifices consentis et remerciements à l’Etat togolais pour les moyens mis à disposition même si c’est largement insuffisant… Après Benjamin Boukpeti, c’est toujours Boukpeti…. Le chemin est encore long à parcourir.
Dodziko