A l’instar du Taekwondo, du Judo, du Karaté, le Vovinam Viet Vo Dao qui est d’origine vietnamienne se pratique au Togo depuis quelques années. Cet art martial qualifié de très complet à cause de sa grande variété de techniques se veut tout d’abord familier avant de franchir un nouveau palier. Pour une première, le public sportif a découvert le Vovinam Viet Vo Dao à l’occasion de la première édition de la Nuit des arts martiaux organisée par l’Association des Journalistes Sportifs du Togo (AJST) le samedi 17 novembre 2018 à Lomé. Sur scène, ils se sont distingués par leur tenue de couleur bleu azur appelée Vo Phuc qui symbolise l’action et l’élévation spirituelle. En tête de cette équipe de démonstration, un Vo-Sinh – nom du pratiquant de Vovinam Viet Vo Dao – s’est illustré parmi le groupe par sa ceinture de couleur jaune. Comparativement aux autres disciplines d’arts martiaux où la ceinture de couleur jaune est portée par les débutants de niveau 2, au Vovinam Viet Vo Dao, elle est l’équivalence d’un gradé. Le club Adidoadin Vovinam Viet Vo Dao qui a participé à cette fête de démonstration est encadré par Damgal Douti Laré, un passionné des arts martiaux.
Un art martial au style complet
Crée en 1938 à Hà Nôi par le Maître fondateur Nguyên Lôc, le Vovinam Viet Vo Dao se définit comme la voie de l’art martial traditionnel vietnamien. Il est considéré comme une œuvre de tout un peuple engagé tout au long de l’histoire dans une lutte pour la définition et la préservation de son identité. Dès lors répandu à travers le monde, le Vovinam Viet Vo Dao a pour but la formation de « l’homme vrai » avec pour devise : être fort pour être utile. La salutation du pratiquant représentant une main d’acier sur le cœur de bonté a pour symbole : le bambou qui plie mais ne se rompt pas, image de la souplesse et de droiture. Nonobstant l’utilisation des six armes conventionnelles aux arts martiaux à savoir les coups de poings, de coudes, de genoux, de pieds, et de bras, le Vovinam Viet Vo Dao a sa spécificité qui est les techniques des ciseaux appelés Don chan. C’est des techniques de jambe qui s’appliquent sur différents niveaux du corps à savoir les jambes, le buste et le cou. Elles sont certes assez spectaculaires mais nécessitent de l’application, de la concentration et de l’exercice. En dehors de l’apprentissage philosophique, plusieurs principes qui sont autant des leçons de vie guident le pratiquant de cet art. Ainsi, les valeurs véhiculées consiste à atteindre le plus haut niveau de l’Art pour servir l’humanité ; être fidèle à l’idéal du Vovinam Viet Vo Dao et dévoué à sa cause ; être toujours uni, respecter les Maîtres et les Aînés, aimer les condisciples ; respecter rigoureusement la discipline, placer l’honneur au-dessus de tout, respecter les autres arts et n’utiliser le Vovinam Viet Vo Dao que pour la légitime défense ; cultiver la connaissance, forger l’esprit, progresser dans la voie ; vivre avec probité, simplicité, fidélité et noblesse d’esprit ; développer une volonté d’acier, vaincre les difficultés ; être lucide, persévérant et actif ; être maître de soi-même, modeste, respectueux, tolérant et progresser en se jugeant soi-même. La cohérence de toutes ces valeurs a séduit Damgal Douti Laré qui veut faire du Vovinam Viet Vo Dao, une discipline de marque.
L’évolution au Togo
Bien avant la création de Adidoadin Vovinam Viet Vo Dao, il existe deux clubs actifs établis au Togo depuis une dizaine d’années. Si le club d’Adidoadin s’illustre plus c’est grâce à la passion de celui qui est l’encadreur et le dirigeant. Cadre d’assurances, Damgal Douti Laré a un goût pour les arts martiaux avec plus de 20 ans de pratique du Vovinam Viet Vo Dao et de Taekwondo où il est Ceinture noire 2e dan. Il est également pratiquant d’Aïkido. Sa familiarisation au Vovinam Viet Vo Dao remonte à une vingtaine d’années au Sénégal puisqu’il se souvient encore de ses premiers pas dans la discipline. « Je suis arrivé au Vovinam par hasard. C’était lors de mes années d’étude au Sénégal où je recherchais un centre d’entrainement de Taekwondo pour ma progression. A l’heure où je suis parti me renseigner au dojo, j’ai trouvé les pratiquants de Vovinam Viet Vo Dao et par curiosité je me suis renseigné. Suite aux explications de Me Sene (Maître à l’origine de l’introduction du Vovinam au Sénégal, actuellement 7e dan), je me suis inscrit et depuis je n’ai plus arrêté », raconte-t-il. Par cet amour pour l’art martial vietnamien, Damgal Douti Laré s’est lancé depuis trois ans à le partager avec la vingtaine de Vo-Shin de son club. La promotion du Vovinam Viet Vo Dao au Togo lui tient à cœur mais il veut aller pas-à-pas. « Nous avons une reconnaissance de fait après notre participation à la nuit des arts martiaux. A présent, nous voulons avoir une base légale et une reconnaissance de l’autorité administrative et sportive. Toutes les formalités sont en voie d’être bouclées », rassure-t-il. Sans oublier les difficultés auxquelles le Vovinam Viet Vo Dao est confronté en termes de visibilité, et d’activités au plan national, la prochaine étape consiste selon le dirigeant du club d’Adidoadin à la promotion de l’art martial à travers l’organisation de journée porte ouverte pour faire découvrir la discipline au public sportif togolais, de démonstrations, et de compétitions inter club. L’amélioration est continue dans les arts martiaux comme au Vovinam Viet Vo Dao. Pour avoir la maitrise, « il faut un travail perpétuel car quelqu’un qui est peut être bon en coup de pied peut se faire surpasser par un lutteur ou un maître d’arme ». Aussi, chaque Vo-Shin est identifié par sa ceinture. « A part le système de grade des enfants, il n’existe que quatre couleurs de ceinture à savoir la ceinture bleue, la ceinture jaune (équivalente de la noire), la ceinture rouge et enfin la ceinture blanche », relève Damgal Douti Laré. Chaque couleur a trois degrés et il faut disposer de 15 ans de pratique pour pouvoir atteindre la ceinture rouge. Ce niveau, le Togolais doit l’avoir s’il n’a pas accusé de retard dans l’examen de passage de grade. « J’ai commencé au grade de ceinture bleue avec trois barrettes jaunes avant d’accéder au grade de ceinture jaune. Cette ceinture comporte également trois barrettes rouges correspondant au Dan. Depuis mon retour au bercail, j’ai continué par travailler. Il était temps pour moi de passer un examen de passage de grade mais je dois soit retourner au Sénégal ou au Burkina-Faso où il y a des Fédérations avec des gradés pour passer l’examen de ceinture rouge », indique-t-il. La ceinture rouge avec des barrettes blanches confère au titulaire le titre de maître de salle d’entrainement (Vo Duong) et la ceinture blanche est le grade suprême, celui du grand maître patriarche. Pratiqué dans de plus de quarante pays à travers le monde, le Vovinam Viet Vo Dao dispose d’une fédération mondiale dont le Togo ne s’est pas encore affilié en l’absence d’une fédération nationale. Sur ce sujet, Damgal Douti Laré estime qu’il y a du chemin à parcourir car il faut une conjugaison d’efforts pour former assez de gradés dans les clubs existants afin qu’il y ait la création de nouveaux clubs sur toute l’étendue du territoire national pour se constituer en Fédération. Dans les autres pays qui sont en avance sur le Togo, les compétitions nationales sont organisées avec des participations à des compétitions internationales comme le championnat d‘Afrique, d’Europe, d’Amérique, ou le championnat du monde. La Fédération mondiale de Vovinam Viet Vo Dao compte à ce jour plus de cinquante mille pratiquants licenciés.
Le Vovinam Viet Vo Dao : un art complet
Il n’y a pas d’âge pour faire le sport. Un homme en bonne santé et disposant de toutes ses facultés mentales peut pratiquer le Vovinam Viet Vo Dao. En plus des techniques adaptées à tout âge, la pratique est plus bénéfique pour les personnes du troisième âge. « Il n’y a pas d’âge idéal si ce n’est maintenant. Les techniques sont très variées et adaptées à tous les âges. Les personnes âgées sont plus intéressées par les techniques de respiration et de développement de l’énergie interne », explique l’encadreur du club d’Adidoadin. Même si le Vovinam Viet Vo Dao est considéré comme un sport de contact, des options existent. « Vu le caractère éclectique de cet art qui est à la fois un sport de combat et un art de sel défense, on peut choisir l’option qu’on préfère », souligne Damgal Douti Laré. En faisant le choix de sport de combat, le Vo-Shin fait le choix de l’endurance, de la combativité, la ténacité, du développement d’aptitudes de sportifs et de sens d’anticipation, par contre, le self defense qui est un programme allégé mais d’éveil est indiquée pour la maitrise de techniques de combat pour faire face à une agression physique. Le Vovinam Viet Vo Dao se distingue des arts martiaux par sa spécificité. Ceci fait de lui un sport complet car pour la seule « technique de ciseau, elle est exécutable à différents niveaux du corps, de la tête au pied et il existe 20 techniques », puis « il y a également les techniques de pied poing, de lutte, de combat corps à corps, les saisies et les clés, le travail de combat au sol, le maniement des armes comme le bâton long, le sabre, le couteau, la hallebarde, le nunchaku ». Compte tenu de sa spécificité et de l’esthétique de la tenue, le Vovinam Viet Vo Dao dont la pratique n’a pas de limite d’âge doit être pratiqué par tous.
Mawusse MELEGNA