Contrairement à la prétention du président Bayor de « régler le problème en famille », la crise au sein du Comité National olympique du Togo (CNO –Togo) s’amplifie et conduit sans doute vers le chaos. La trêve constatée au lendemain de cet engagement du président Bayor et marquée par des publications louangeuses à son endroit dans la presse à l’occasion de la journée mondiale de l’olympisme a été très vite violée.
Les dissensions étaient donc profondes, plus profondes que des sourires affichés devant les médias ou des baisers de conciliation qui se sont révélés ni plus ni moins des baisers de Judas. Le moins qu’on puisse dire est que la guerre de leadership et pour le contrôle du CNO-Togo est plus que jamais ouverte, c’est peut-être peu de dire que les protagonistes sont dorénavant inconciliables. Tout le monde attend la bataille de Bérézina ou de Waterloo, tout le monde est sur le gril de savoir qui sera le Napoléon du CNO-TOGO. Au fil des jours et des semaines, la crise a pris des proportions au-delà de l’inquiétant.
Elle est devenue intrigante, on peut même dire que cela donne à présent de sentiment d’une querelle de coépouses qui se disputent le statut de « nation favorisée ». Des alliances se sont faites et se sont défaites, M. Walla naguère considéré comme allié dans le camp du président Bayor, a rapidement changé de statut pour devenir un vil adversaire qu’on s’est hâté de faire dézinguer dans les médias, des confrères n’ont pas cillé en présentant le bon monsieur Walla comme un « faussaire », au même titre que le Secrétaire Général Deladem Akpaki. Du berger à la bergère : d’autres confrères se sont invités au festin des règlements de compte en désignant le président Bayor Guerre des statuts, suite et fin ? Dans une de nos précédentes éditions, on avait longuement décrit le contexte de la guerre des statuts. E
ntre les statuts de 2014 et ceux de 2016, lesquels faut-il considérer dans la perspective de la prochaine élection. Les deux camps se tiraillaient sur le sujet jusqu’à la fausse vraie pause d’avant la journée mondiale de l’olympisme. Ce qui est nouveau, c’est que, après avoir été commis par le président Bayor pour analyser les deux textes et en déterminer le vrai du faux, après avoir rendu son rapport ayant conclu à une manipulation de l’un des textes et fait des propositions de sanction contre le Secrétaire Général et le 2ème vice-président, Bernard Walla, président de la Commission des lois es qualité, est tombé en disgrâce auprès du président Bayor.
Nos sources renseignent que l’ancien ministre aurait manqué de faire économie de silence au cours d’une réunion du CNO-TOGO. Cela aurait froissé et agacé son ex-allié, les mêmes sources soutiennent que c’est ce dernier désaccord qui a valu à M. Walla d’être jeté en pâture aux mercenaires de la presse. Ce qui est encore nouveau, c’est que, saisi par le Secrétaire Général du CNO-Togo pour déterminer lequel des deux textes est en vigueur et enregistré dans ses livres, le CIO aurait indiqué que c’est celui de 2016 qui donne au Secrétaire Général la prérogative d’enregistrer les candidatures au cours du processus électoral, entre autres. Dans ce camp, cette guerre des textes est close, il faut maintenant passer à autre chose.
Le temps dira s’ils sont du côté de la vérité. Le fait est que, selon des sources venant du camp de leurs adversaires déclarés, les faussaires désignés seront bientôt démasqués. Ceux-là aussi évoquent l’expertise du CIO qui va permettre de tirer au clair l’imbroglio des textes. « L’espoir fait vivre, il n’est pas interdit d’espérer », oppose-t-on à cet élan, dans l’autre camp. Sortir de l’impasse Ce qui est important pour la famille nationale des sports, c’est bien de savoir comment dépêtrer le CNO-Togo du bourbier où l’ont plongé les égoïsmes, les intérêts clivant et les élans de règlements de compte. L’enjeu est de taille vu que le CNO-Togo qui est censé être la vitrine de tous les sports ne rend point service auxdits sports en offrant un spectacle si pouilleux et répugnant. Élection en fin d’année, statu quo jusqu’au lendemain de Tokyo 2021 ou installation d’un comité de crise, voilà les différentes pistes qui sortent des recoupements çà et là. La solution de l’élection en fin d’année est portée par le camp anti Bayor. « Il n’y a plus de tel pas à perdre. Vu les derniers développements, aucune conciliation n’est plus possible. Il ne reste que de s’en remettre aux membres du CNO-Togo pour nous départager », soutient-on à cette chapelle. La solution semble raisonnable mais rien ne garantit qu’elle va ramener la paix et la sérénité au CNO-Togo. Le président actuel pourra-t-il être candidat ?
« Naturellement, une élection en décembre ou après met forclos le président Bayor. La disposition concernant la limite d’âge l’en empêche puisque depuis ce mois d’août, M. Bayor a atteint la limite de 70 ans d’âge », explique-t-on. Quelle garantie de sérénité si le président actuel qui ne cache pas son envie de rester président jusqu’aux prochains jeux olympiques est exclu de cette élection ? Assistera-t-il muet et coi comme une carpe à son « ensevelissement » ? C’est à cet effet qu’une autre chapelle préconise, dans un élan de compromis dynamique et fertile, que le camp des partisans de l’élection ici et maintenant fasse l’effort de mettre de l’eau dans leur vin. Ce qu’on attend d’eux est simple : faire le deuil de l’élection et de la prise de pouvoir pour donne une chance à la sérénité, à la stabilité et à la paix dans les sports.
« En considérant le rapport des forces au sein des électeurs, il y a peu de chance que cette proposition tombe sur un terrain fertile. Les derniers développements de la crise ont produit le malheureux effet de radicaliser les positions dans les différents camps, particulièrement dans celui des partisans de l’élection. De plus, la brouille entre MM. Bayor et Walla n’arrange rien, elle a compliqué plutôt la situation », précise-t-on. Cela peut ne pas être faux.
Dernière piste. Des sources signalent l’existence d’une intention de proposer au ministère des Sports et au gouvernement la mise en place d’un comité de normalisation, comme on en a connu à la fédération de football. Nos sources précisent que ce sont deux égéries des sports au Togo qui portent l’idée. Pour eux, le contexte actuel est inquiétant et dangereux pour la famille olympique. Il faut donc renvoyer dos à dos les deux camps antagonistes et donner une chance au CNO-TOGO. L’idée atterrira sur la table du ministre de tutelle dès que possible. Quelle suite le gouvernement peut-il réserver à une telle proposition ? Bien malin qui saura le dire.
Kodjo AVULETEY