La famille du football mondial en général et africain en particulier a appris avec émoi le 8 août dernier, la disparition de l’ex Président de la CAF, le Camerounais Issa Hayatou.
Telle l’onde d’un choc , la nouvelle s’est répandue dans le monde entier et a provoqué de vives réactions.
Les hommages ont fusé de partout pour rendre témoignage à cet homme qui a consacré toute sa vie au football africain.
Vice-président de la Fédération Togolaise de Football entre 2002 et 2006, ancien Président de Gomido FC et actuel Maire de la Commune Kloto 1 (Kpalimé) , Winny Dogbatse a côtoyé l’homme qui est devenu au fil du temps son mentor.
C’est donc tout logiquement qu’il a trempé sa plume dans l’encrier pour honorer la mémoire du regretté défunt Issa Hayatou.
Winny Dogbatse se souvient de l’humilité de l’homme qui n’a jamais voulu être mis au-dessus des autres.
Il salue en outre sa détermination et sa volonté de hisser le football africain au firmament, cet engagement a finalement eu le don de fragiliser sa santé. « Malgré votre état de santé qui nécessitait des dialyses par semaine, vous êtes toujours solide , souriant » se rappelle-t-il.
Intégralité du témoignage de Winny Dogbatse à feu Issa Hayatou :
A toi mon Mentor, à toi mon Doyen,
A toi mon Combattant, ISSA Hayatou
1/ Je me souviens que nos chemins se sont croisés dans la période 2002- 2006 quand j’étais Vice Président de la FTF aux côté du Président Rock GNASSINGBE.
2/ Je me souviens que notre habilité et la manière dont nous avions géré les problèmes des primes des joueurs à WAGEM lors de la coupe du monde de 2006, en Allemagne nous a encore plus rapproché.
3/Je me souviens que lors de la CAN cadet 2007 tenue au Togo, nous étions allés vous chercher à la frontière du Bénin en provenance de Cotonou, vous aviez accepté de descendre de votre voiture de commandement pour monter à mes côtés pour vous ramener à Lomé.
4/ Je me souviens que vous aviez décidé d’abandonner les suites de l’hôtel 2 Février et de Sarakawa pour aller vous installer dans votre modeste chambre au domicile de votre frère et ami de tous les jours le Général GNOFAM.
5/ Je me souviens que au cours de votre séjour au Togo vous aviez décidé de vous déplacer avec les présidents des 52 fédérations Africaines pour vous rendre dans mon village à Kpélé Kponvié pour poser la première pierre du Centre Sportif qui est devenu le terrain de match de Gomido FC plus tard.
6/ Je me souviens mon mentor, qu’ensemble nous avions parcouru du Soudan au Caire en passant par le Nigéria toutes les capitales africaines lors des assemblées de la CAF et des compétitions.
7/ Je me souviens mon combattant, que votre courage et détermination d’hisser au firmament le football africain a fragilisé votre santé et détruit vos reins par les voyages à répétition, les stress et autres charges. Malgré votre état de santé qui nécessitait des dialyses par semaine, vous êtes toujours solide, souriant.
8/ Je me souviens qu’en 2010 nos relations se sont détériorées dû aux problèmes rencontrés par l’équipe togolaise dans l’enclave de Cabinda à l’époque où j’étais Président du Comité de Mobilisation et qui a coûté la vie à deux de nos compatriotes.
9/ Je me souviens mon doyen, vos appels intermittents m’ont amené à vous rencontrer comme d’habitude à Yaoundé où vous m’aviez reçu. Dès mon arrivée, j’ai éclaté en sanglots et tu m’as soulevé et essuyé mes larmes et prodigué des conseils. Quelques mois plus tard, tu levais les sanctions qui pesaient sur notre pays.
10/ Je me souviens mon combattant, malgré votre santé fragile, vous étiez toujours à tous les rendez-vous. Nous étions tous heureux en apprenant en 2014 que vous devez être greffé à Paris. Finis les dialyses, et une nouvelle vie s’ouvrait pour vous. Rendu à Paris pour vous souhaiter bon rétablissement, vous n’avez pas trainé à l’hôpital et pris votre bâton pour continuer vos travaux de la CAF qui vous tenait à cœur.
11/ Je me souviens mon mentor, ces moments fous passés à Malabo lors de la remise du Prix ISSA Hayatou au Président OBIAM Nguéma en 2016; vous avez sollicité mon concours pour l’organisation de cette belle cérémonie. Le Togo était à l’honneur.
Le palais a explosé au rythme de notre chanteuse ALMOK. Je revois encore les larmes de la 1ère Dame Mme OBIANG lors de la montée sur scène de notre chanteur malvoyant Dieudonné.
12/ Je me souviens mon mentor, de votre qualité de meneur d’hommes et de grand cœur lors de l’assemblée tenue à Addis-Abéba où vous étiez candidat à votre réélection; séance au cours de laquelle vous aviez été battu par un de vos proches le malgache HAMAD. Cette nuit là, de retour dans votre suite à l’hôtel, le cercle des fidèles s’est rétrécit où en partageant le repas du soir il y avait à tes côtés ta charmante femme, ton fils, le Général et son épouse GNOFAM, le Général MEMENE, et moi.
Quelques instants après, un groupe du Bureau exécutif sortant s’est rendu dans la suite en versant des larmes de crocodile comme s’ils avaient voté pour vous. J’ai suivi votre calme et votre pénétration.
Mes pas lourds se dirigeaient vers l’ascenseur quand vous m’aviez rattrapé en me disant ceci: «Jeune frère, la vie c’est comme le pavé mosaïque, on a des hauts et des bas. Les vrais ennemis, ce sont tes amis, tes compagnons de tous les jours, ne t’attend qu’à toi seul.>> Après les accolades, nous nous sommes séparés.
Votre nouvelle vie se passait paisible entre Yaoundé et votre ville natale Garoua sous le poids des âges, le baobab a courbé l’échine.
Ce témoignage est un devoir de mémoire pour nous qui étions très proches de vous et connus au-delà des imperfections pour certains actes posés et qui auront offensé les uns et les autres. Nous vous prions de pardonner car devant la mort tout s’efface.
Va mon Mentor, mon Doyen, mon Combattant dans ton nouveau monde où l’agitation des méchants a cessé. Dans ce nouveau monde où tout le monde se côtoie, où l’esclave et le mendiant ont retrouvé leur liberté.
Tu transmettras nos salutations fraternelles à tes frères le doyen EKUE Gottlib, le Général MEMENE et autres et dites leurs, de prier pour nous autres qui sommes encore dans le monde des méchants.
Adieu Mon Frère!
Winny DOGBATSE
